Le Détachement de la Côte-Nord de la GRC a beau être petit, les crimes déjoués par ses policiers ne le sont pas : importation de drogue, terrorisme, crime organisé, sécurité des frontières.
« On fait de la police fédérale en milieu rural,
observe le cap. Hugo Lavoie, chef du Détachement. On agit en amont, on réseaute pour prévenir des crimes graves.
»
Situé à Sept-Îles, le Détachement est au cœur de la Côte-Nord, à quelque 650 kilomètres au nord-est de la capitale, Québec. Les cinq personnes qui y sont affectées ont le mandat d'assurer le service de Police fédérale dans un territoire couvrant le cinquième de la province, sur 1 200 kilomètres de côte et auprès de plus de 75 000 habitants.
D'autres détachements de la GRC font de la police municipale; celui de la Côte-Nord recueille du renseignement pour contrer le crime organisé transfrontalier d'envergure nationale. Il collabore avec la Sûreté du Québec qui assure le travail quotidien de police municipale et provinciale.
« Nous nous concentrons sur la côte, point d'entrée de beaucoup de criminalité,
indique le cap. Lavoie. C'est notre frontière, compte tenu du nombre de bateaux étrangers qui y mouillent.
»
Des ports et des bateaux
Les policiers de la GRC sur la Côte-Nord consacrent beaucoup de temps à établir des liens avec les résidents, les entreprises, les pêcheurs et les travailleurs industriels.
« Nous leur demandons d'être nos yeux et nos oreilles,
précise le cap. Lavoie. Si vous voyez un drôle de bateau ou quelque chose d'étrange, appelez-nous, quelle que soit l'heure.
»
La Côte-Nord abrite certains des ports internationaux les plus grands du pays et le Détachement en fait une priorité. Des centaines de navires accostent à Sept-Îles, à Baie-Comeau et à Port Cartier chaque année, chargeant et déchargeant des millions de tonnes de marchandises pour les industries québécoises du minerai de fer et de l'aluminium.
Le gend. Ghislain Ouellet, affecté au Détachement depuis 30 ans, visite les ports chaque semaine et parle aux autorités portuaires et à l'Agence des services frontaliers du Canada.
« L'échange d'information est vital,
déclare-t-il. Sans renseignement, on ne peut pas faire de prévention.
»
Shawn Grant, responsable de la sécurité au Port de Sept-Îles, affirme que le gend. Ouellet et les autres policiers de la GRC contribuent beaucoup à la sécurité du port.
« Ils ont établi des liens précieux avec les employés du port, reconnaît-il. Ils obtiennent des renseignements de l'intérieur sur ce qui se passe et ils soignent leurs relations.
»
M. Grant affirme n'avoir jamais hésité à signaler au Détachement des activités suspectes. Si des gens posent de drôles de questions, prennent des photos ou des vidéos ou testent des codes d'accès, il en parle à la GRC.
« La GRC garde un œil sur toutes les personnes suspectes aperçues au port,
souligne-t-il. On peut appeler n'importe quand, jour et nuit. Avec les policiers de la GRC, on se sent en sécurité.
»
Réseautage communautaire
En plus des ports, les policiers du Détachement visitent les petites localités rurales, dont des villages de pêcheurs isolés, accessibles uniquement par zodiac l'été et par motoneige l'hiver.
« Il y a plusieurs endroits difficiles d'accès, mais les résidents sont toujours heureux de nous voir,
constate le gend. Ouellet. On leur parle de surveillance côtière, on fait des exposés aux pêcheurs locaux, et on rappelle aux employés des Postes d'être à l'affut des colis suspects.
»
L'île d'Anticosti dans le golfe du Saint-Laurent, avec ses 200 habitants, son parc national et ses huit pistes d'atterrissage pour petit aéronef, fait aussi partie du territoire du Détachement. Chaque année, les policiers de la Côte-Nord rencontrent les pêcheurs de homards durant leur saison de pêche, du printemps au début de l'été.
« Ils jettent leurs cages près des pistes d'atterrissage, alors nous leur remettons nos cartes et leur disons "si vous voyez un avion suspect ou un voilier qui n'est pas à sa place ici, notez-en les caractéristiques et appelez-nous"
», précise le gend. Ouellet.
Le réseautage rapporte, puisque le Détachement reçoit chaque semaine plusieurs appels. La GRC s'intéresse beaucoup aux voiliers et aux bateaux suspects, puisqu'ils servent souvent au trafic de drogues. Il y a des années, le gend. Ouellet se souvient avoir intercepté une barge qui transportait
50 tonnes de haschich.
De telles prises n'arrivent pas souvent, bien sûr, mais ça met du piquant dans le travail sur la Côte-Nord.
« Et puis il y a les gens, et les paysages,
ajoute-t-il. Pour quelqu'un qui aime le plein air et la mer, c'est le détachement idéal.
»