Vol. 78, Nº 1Pratique exemplaire

Kiosque à journaux.

Les avis de recherche à l’ère numérique

Le partenariat du FBI avec des annonceurs contribue à la résolution de crimes graves

Photo d'un des 10 criminels les plus recherchés par le FBI en 2012 dans un kiosque à journaux près de Times Square à New York Crédit : Outdoor Advertising Association of America

Par

Le jour de son arrestation, Aaron Thomas n'avait qu'une chose à dire aux policiers américains : « Vous en avez mis du temps! »

De 1997 à 2009, Thomas a agressé des femmes au Maryland et dans trois États voisins. Il les a attaquées avec des couteaux, des pistolets et une fois avec une bouteille cassée. Un groupe de victimes étaient des adolescentes qui passaient l'Halloween.

C'est une information anonyme qui a permis à la police du Maryland d'arrêter Thomas, alias le violeur de la côte Est, le 4 mars 2011. Cette information a été obtenue grâce à un nouveau type d'avis de recherche, en format numérique et non papier.

« Les avis de recherche ont contribué à la résolution de cette affaire. Je me rappelle de la vive réaction que nous avons tous eue au bureau en apprenant la nouvelle de son arrestation », lance Ken Klein, vice-président exécutif des relations gouvernementales chez Outdoor Advertising Association of America (OAAA).

Les avis de recherche ne sont pas nouveaux. La population est mise en garde contre des pirates, des bandits et des hors-la-loi depuis des centaines d'années au moyen de dépliants et d'affiches. De nos jours, cependant, les chasseurs de prime sont depuis longtemps disparus et peu de gens portent maintenant attention aux avis de recherche en format papier traditionnel.

Voici qu'entre en scène le partenariat entre OAAA et le FBI. Leur nouveau programme d'affichage sur des babillards électroniques, des écrans dans les abribus et même sur des écrans à Times Square a fait passer les avis de recherche à l'ère numérique.

Le programme d'affichage a été lancé à la Citizens Academy du FBI, tenue à Philadelphie. Il s'agit d'un programme auquel participent des dirigeants de collectivités et d'entreprises ainsi que des membres des médias qui veulent en apprendre davantage sur le rôle du FBI.

C'est là que Barbara Bridge, cadre chez Clear Channel Outdoor — l'une des plus grandes agences de publicité extérieure au monde — a rencontré deux spécialistes du FBI en sensibilisation communautaire.

En 2007, lorsque Clear Channel s'apprêtait à convertir huit panneaux d'affichage du vinyle au numérique à Philadelphie, Mme Bridge a communiqué avec le FBI pour savoir si cette nouvelle technologie pouvait être utile à l'organisme.

« Nous avons décidé d'essayer un programme d'avis de recherche à Philadelphie. La réussite a été telle dans les premiers mois que nous l'avons proposé à l'échelle nationale, dit-elle. Je crois que nous avons capturé 53 des pires criminels aux É.-U.; nous avons permis à des familles de tourner la page et nous contribuons à assurer la sécurité de la population. »

La façon de faire est simple : le FBI dresse la liste des criminels les plus recherchés et il fournit les noms à OAAA ou une de ses filiales. Ensuite, l'annonceur place l'avis de recherche dans sa rotation d'annonces numériques publiées dans le secteur – les avis les plus visibles sont ceux affichés sur les écrans géants.

L'objectif ultime est d'encourager les citoyens à garder l'œil ouvert afin de repérer les criminels les plus recherchés et d'inciter les personnes ayant des renseignements à les communiquer.

« Les informateurs disent qu'ils n'ont pas agi la première ou la deuxième fois qu'ils ont vu l'annonce, affirme Klein. Mais après avoir vu 30 ou 50 fois la photo d'une personne qui a fait du tort, causé de la souffrance ou tué quelqu'un, ils étaient décidés à agir. »

Le FBI a maintenant accès à 6 000 écrans dans 46 États, ce qui lui confère une capacité sans précédent pour rendre publics les visages des criminels les plus recherchés. Faire appel au public à si grande échelle donne des résultats — des douzaines d'affaires médiatisées ont été résolues grâce à des renseignements communiqués par des personnes ayant vu les avis.

« Nous avons besoin des citoyens », affirme Shanna Daniels, agent spécial au bureau des affaires publiques du FBI. Ces avis de recherche incitent les citoyens à passer à l'action. Ils ont ainsi l'impression qu'ils ai-dent le FBI à remplir une mission. »

Les avis de recherche numériques ne sont qu'un des éléments de la stratégie du FBI pour encourager le public à appuyer les enquêtes. Mme Daniels cite Facebook et Twitter comme d'autres éléments importants de la stratégie de sensibilisation du FBI.

« Nous comprenons très bien l'importance de sensibiliser les citoyens et de leur communiquer des messages, poursuit Mme Daniels. Ce qu'ils font pour nous est extraordinaire. »

Date de modification :