Banque nationale de données génétiques du Canada - Rapport annuel 2020-2021

Tableau des matières

Message de la Commissaire, Gendarmerie royale du Canada

J'ai le plaisir de déposer le rapport annuel 2020-2021 des activités de la Banque nationale de données génétiques (BNDG) et de saluer son parcours remarquable à l'occasion de son 20e anniversaire. Vingt ans de réalisations difficilement envisageables sans le dévouement de son personnel et le soutien de maints partenaires du gouvernement, des services de police, des communautés juridique et de criminalistique qui œuvrent pour assurer la sécurité des collectivités à l'intention de tous les Canadiens.

Depuis sa création il y a 20 ans, la BNDG a sans cesse perfectionné ses opérations et sa technologie pour renforcer l'efficacité des processus afin de mieux servir et protéger la population canadienne. Avec des fichiers contenant au-delà d'un demi-million de profils d'ADN pour appuyer des enquêtes criminelles, la BNDG a pu générer à ce jour plus de 73 000 correspondances et aider les organismes d'application de la loi à identifier des suspects et des victimes, à relier des scènes de crime, et à élucider des affaires en cours et non résolues.

Au succès de la BNDG, il faut ajouter la croissance du Programme national d'ADN pour les personnes disparues — dont la base de données compte au-delà de 1200 profils. Plus les agences partenaires soumettront des échantillons biologiques et des profils d'ADN au programme, plus nous pourrons apporter un apaisement crucial aux familles et amis de personnes disparues.

L'article de fond et les histoires de réussite présentés dans ce rapport mettent en souligne les réalisations quotidiennes de la BNDG. Le tout est possible grâce aux améliorations apportées à la technologie, au fil des ans, pour étendre les critères d'admissibilité des profils d'ADN, ainsi que des modifications législatives qui exigent le prélèvement d'échantillons pour un plus grand nombre d'infractions désignées. Il s'ensuit une augmentation de la taille de la base de données. Je suis persuadée que la BNDG poursuivra sa modernisation, son évolution et sa croissance afin de répondre aux besoins et aux attentes de tous les Canadiens.

Félicitations pour ces 20 années remarquables!

Brenda Lucki
Commissaire

Faits et chiffres

Faits et chiffres
Type Montant
Échantillons biologiques de contrevenants condamnés reçus en 2020/211Note de bas de page 1 Note de bas de page 2 11 879
Ajout de profils d'ADN au fichier de criminalistique en 2020/21 11 257
Correspondances condamnés (contrevenant condamné à scène de crime) en 2020/21 3 971
Correspondances criminalistiques (scène de crime à scène de crime) en 2020/21 356
Correspondances faites par la BNDG en 2020/21 (condamnés et criminalistiques) 4 327
Correspondances faites par la BNDG depuis le 30 juin 2000 (condamnés et criminalistiques) 73 750
Correspondances restes humains – Identifications putatives faites depuis le 6 mars 2018Note de bas de page 3 25

Abréviations

ADN
Acide désoxyribonucléique
BNDG
Banque nationale de données génétiques
CIPC
Centre d'information de la police canadienne
CODIS
Combined DNA Index System
CNPDRN
Centre national pour les personnes disparues et restes humains non identifiés
FCO
Fichier des condamnés
FCR
Fichier de criminalistique
FDV
Fichier des donneurs volontaires
FFPD
Fichier des familles de personnes disparues
FPD
Fichier des personnes disparues
FRH
Fichier des restes humains
FV
Fichier des victimes
PNAPD
Programme national d'ADN pour les personnes disparues
SCICTR
Services canadiens d'identification criminelle en temps réel
STaCS
Sample Tracking and Control System

20e anniversaire

Au Canada, recourir à la preuve par l'ADN à l'appui d'enquêtes criminelles date de 1989. Ce n'est toutefois que le 30 juin 2000 qu'un fichier national contenant les profils d'ADN de contrevenants criminels a été créé.

L'origine de la Banque nationale de données génétiques (BNDG) remonte à 1995, lorsque le Parlement a adopté à l'unanimité le projet de loi C-104, une loi modifiant le Code criminel et la Loi sur les jeunes contrevenants (analyse génétique effectuée à des fins médicolégales). Le Code criminel a été modifié pour permettre à un juge de décerner un mandat autorisant un policier à obtenir un échantillon biologique d'un suspect en vue de l'analyse génétique effectuée à des fins médicolégales dans une enquête criminelle. Cinq ans plus tard, le 30 juin 2000, la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques était promulguée et le programme de la BNDG était inauguré.

Au début de ses activités, la mission initiale de la BNDG consistait à assurer la collecte lente et constante de profils d'ADN pour deux fichiers distincts : celui des contrevenants condamnés et celui de criminalistique, des profils établis à partir de scènes de crime, où que ce soit au pays. Il va sans dire que la croissance de chacun de ces fichiers est porteuse d'une hausse de leur utilité pour les enquêtes criminelles. En 2006, la BNDG a atteint le jalon de 100 000 profils de condamnés, et près de 7 000 correspondances entre profils de scènes de crime et profils de condamnés.

L'utilité et la pertinence de stocker des profils d'ADN dans des fichiers pour assister des services de police et la justice pénale ne cessent d'évoluer. Ainsi, il y a quelques années, le rôle de la BNDG a été élargi par une modification apportée à la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques pour permettre la création de nouveaux fichiers à l'appui d'enquêtes humanitaires concernant des personnes disparues et des restes humains non identifiés.

Ces 20 dernières années, la technologie et l'innovation en matière d'ADN ont également progressé et façonné la façon de mener de nombreuses enquêtes, ainsi que l'utilisation de preuves génétiques en tant que forme fiable d'identification dans les procédures criminelles.

La progression de la technologie et l'innovation en matière d'ADN
Hier Aujourd'hui
En 2000, la BNDG établissait des profils d'ADN en examinant 14 marqueurs d'ADN. Aujourd'hui, les profils sont établis à partir de l'examen de 24 marqueurs d'ADN. La quantité d'informations génétiques recueillies auprès d'un individu contribue à augmenter le pouvoir de discrimination de chaque profil d'ADN.
En 2000, la BNDG acceptait seulement des profils d'ADN pour deux fichiers à l'appui d'enquêtes criminelles. Aujourd'hui, la BNDG peut accepter des profils d'ADN pour sept fichiers à l'appui d'enquêtes de nature criminelle et humanitaire.
En 2000, quelque 50 infractions étaient qualifiées d'infractions désignées pour lesquelles un tribunal pouvait rendre une ordonnance de prélèvement d'ADN. En 2008, d'importantes modifications législatives ont fait passer à plus de 350 le nombre d'infractions désormais qualifiées d'infractions désignées. Par conséquent, plus de profils d'ADN de contrevenants condamnés sont versés au fichier des condamnés en raison de diverses infractions, allant des moins graves aux plus violentes et plus graves.
Au début, il a fallu plus de trois ans pour obtenir 1 000 correspondances de profils d'ADN. Aujourd'hui, 1 000 correspondances de profils d'ADN sont obtenus en moyenne tous les trois mois ou moins.
Le 10 novembre 2000, la BNDG a obtenu sa première correspondance entre deux profils du fichier de criminalistique, reliant ainsi deux enquêtes criminelles et fournissant de nouvelles pistes. Moins d'un mois plus tard, la BNDG obtenait sa première correspondance entre le profil d'ADN d'un condamné et un profil d'ADN établi à partir d'indices recueillis sur la scène d'un meurtre. La BNDG a obtenu plus de 73 000 correspondances condamnésNote de bas de page i et de correspondances criminalistiquesNote de bas de page ii ensemble. Le nombre et la fréquence des correspondances vont de pair avec la croissance des fichiers. Aujourd'hui, la BNDG stocke plus d'un demi-million de profils d'ADN.

Durant la première année, la BNDG a mis en œuvre :

  • le système de gestion de comparaison de profils d'ADN CODIS (Combined DNA Index System), un réseau et un programme logiciel sécurisé
  • le premier système électronique de suivi et de contrôle des échantillons au monde, le STaCS (Sample Tracking and Control System)
  • un flux opérationnel entièrement automatisé
Grâce aux mises à jour régulières des logiciels et des technologies au fil des ans, la BNDG peut traiter quelque 20 000 soumissions d'échantillons d'ADN tous les ans. Les améliorations apportées au CODIS ont aussi donné lieu à des stratégies de recherche plus efficaces et réduit le temps administratif consacré à l'examen des concordances d'ADN identifiées.
Jusqu'en 2018, la BNDG traitait des échantillons de type sanguin, buccal et capillaire. Aujourd'hui, la BNDG peut traiter des échantillons de divers types, comme des os et des effets personnels. Elle fournit aussi l'analyse du chromosome Y et de l'ADN mitochondrial.

Quelques faits et chiffres de la BNDG ces 20 dernières années

30 juin 2000
Inauguration de la Banque nationale de données génétiques
6 juillet 2000
Premier profil d'ADN provenant du lieu d'un crime entré dans le CODIS
10 novembre 2000
Première correspondance criminalistiqueNote de bas de page ii
1er décembre 2000
Première correspondance condamnéNote de bas de page i
25 avril 2002
Signature d'un accord avec INTERPOL pour l'échange de données génétiques avec d'autres pays
14 mai 2002
Première correspondance internationale
11 septembre 2003
1 000 correspondances condamnés
14 août 2006
Plus de 100 000 profils de condamnés dans le CODIS
29 août 2008
10 000 correspondances condamnés
31 mars 2010
Plus de 200 000 profils d'ADN de condamnés dans le CODIS
31 décembre 2012
25 000 correspondances condamnés
6 mars 2018
Inauguration du Programme national d'ADN pour les personnes disparues
20 avril 2018
50 000 correspondances condamnés
24 mai 2018
Première correspondance concernant l'identification de la victime d'une infraction désignée
25 octobre 2019
Première correspondance concernant l'identification de restes humains soumis par le Programme national d'ADN pour les personnes disparues
29 février 2020
Plus de 400 000 profils de condamnés dans le CODIS
31 octobre 2020
Plus de 1 000 profils de nature humanitaire dans le CODIS

La Banque nationale de données génétiques

La BNDG est une collection de plus d'un demi-million de profils d'ADN visant à aider les enquêteurs du pays à élucider divers crimes. Les principaux objectifs sont simples :

  • établir des liens entre des scènes de crime de différentes juridictions;
  • aider à identifier ou à exclure des suspects;
  • déterminer si un contrevenant en série est impliqué dans certains crimes; et
  • aider les enquêteurs, les coroners et les médecins légistes à trouver des personnes disparues et à identifier des restes humains.

Depuis, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en est responsable, pour le compte du gouvernement du Canada, et elle en assure le fonctionnement à l'intention de tous les services de police du Canada.

La Loi sur l'identification par les empreintes génétiques permet à la BNDG de tenir les fichiers suivants (bases de données) :

  • le fichier des condamnés (FCO)
  • le fichier de criminalistique (FCR)
  • le fichier des victimes (FV)
  • le fichier des donneurs volontaires (FDV)
  • le fichier des personnes disparues (FPD)
  • le fichier des familles de personnes disparues (FFPD)
  • le fichier des restes humains (FRH)

Le FCO, le FCR, le FV et le FDV appuient les enquêtes criminelles :

  • par la comparaison des profils d'ADN recueilli sur des scènes de crime aux profils de contrevenants condamnés (entre le FCR et le FCO). Une concordance peut aider à identifier des suspects. On qualifie ce type de concordance de « correspondance condamné ». À l'inverse, l'absence de concordance peut permettre d'exclure des suspects, ce qui est tout aussi important.
  • par la comparaison des profils d'ADN recueilli sur différentes scènes de crime (entre profils d'ADN du FCR). La mise en correspondance de profils d'ADN provenant de différents lieux de crime peut aider à établir des liens entre des crimes pour lesquels aucun suspect n'a été identifié. Cela permet aussi de déterminer si l'on est en présence d'un criminel en série dans plusieurs affaires. On qualifie ce type de concordance de « correspondance criminalistique ».
  • par la comparaison des profils d'ADN contenus dans le FV et le FDV. Une correspondance peut aider à identifier une victime inconnue, à faire un rapprochement entre des lieux de crime grâce aux profils d'ADN de victimes et de donneurs volontaires ou à mettre hors de cause des donneurs volontaires de l'objet d'une enquête. Le FDV peut aussi servir à exclure des individus lors d'une enquête de nature humanitaire.

En application du Programme national d'ADN pour les personnes disparues, la BNDG tient le FPD, le FFPD et le FRH afin d'appuyer les enquêtes de nature humanitaire à l'échelle nationale. Ces fichiers permettent de comparer des profils d'ADN établis à partir d'échantillons biologiques et d'autres articles recueillis et soumis par la police, des coroners et des médecins légistes à d'autres profils d'ADN de la BNDG. Les profils du FFPD sont comparés seulement à ceux du FPD et du FRH.

Depuis la création du Programme national d'ADN pour les personnes disparues, la BNDG fait état de 25 correspondances d'ADN qui ont contribué à l'identification de restes humains non identifiés.

Correspondances condamnés et criminalistiques

À son entrée en activité en 2000, la BNDG contenait peu de profils d'ADN. Avec les années, plus la BNDG comptera de profils d'ADN, moins il faudra de temps pour établir un plus grand nombre de correspondances.

Figure 1: Offender and Correspondances criminalistiques - Text version
Figure 1 : Correspondances entre les fichiers de la BNDG - Version texte
Année financière Correspondances condamnés Correspondances criminalistiques
2000/2001 18 7
2001/2002 218 9
2002/2003 526 34
2003/2004 1 110 132
2004/2005 1 114 198
2005/2006 1 992 331
2006/2007 1 941 372
2007/2008 1 976 324
2008/2009 2 608 381
2009/2010 3 095 381
2010/2011 3 941 298
2011/2012 3 437 353
2012/2013 4 037 343
2013/2014 4 097 325
2014/2015 4 385 411
2015/2016 5 044 578
2016/2017 4 946 562
2017/2018 5 298 453
2018/2019 6 583 708
2019/2020 6 202 655
2020/2021 3 971 356

Correspondance condamné constitue une correspondance entre des profils d'ADN recueilli sur des scènes de crime avec un profil de contrevenant condamné.

Correspondance criminalistique constitue une correspondance entre des profils d'ADN recueilli sur différentes scènes de crime.

La baisse du nombre de transmissions au cours de cette période est attribuée à la pandémie mondiale, qui a eu un impact sur leur volume durant 2020 et qui a beaucoup perturbé les contributions de partenaires et la capacité de la BNDG à fournir des services à plein régime.

Transmissions concernant des condamnés

Chaque année, la BNDG traite toutes les transmissions concernant des condamnés qui consistent en :

  • échantillons biologiques (utilisés pour générer des profils d'ADN qui sont ajoutés au FCO); ou
  • transmission de visas (empreintes digitales et documentation de condamnés dont le profil d'ADN figure déjà au FCO).

Avant d'exécuter une nouvelle ordonnance de prélèvement d'ADN ou une autorisation relative à un tel prélèvement, les policiers doivent consulter le Centre d'information de la police canadienne (CIPC) afin de vérifier si le profil d'ADN d'un condamné a déjà été ajouté à la BNDG. Les visas se limitent donc aux empreintes digitales et à la documentation. Le processus de visa garantit que le profil d'ADN d'un condamné reste dans la BNDG si le visa est reçu avant que :

  • la condamnation pour laquelle on a rendu la première ordonnance de prélèvement d'ADN est annulée en appel;
  • l'ordonnance/autorisation initiale de prélèvement d'ADN est annulée en appel; ou
  • la période de rétention expire parce que la personne a été soit :
    • condamnée en tant que jeune; ou,
    • absoute en vertu de l'article 730 du Code criminel d'une infraction désignée. (Note : cette disposition a été supprimée à partir du 6 mars 2018 lors de l'entrée en vigueur des modifications à la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques.)

Dès la réception d'un échantillon biologique ou de la transmission d'un visa, la BNDG examine la documentation pour garantir deux choses : premièrement, que l'ordonnance de prélèvement d'un échantillon d'ADN a été émise relativement à une infraction pour laquelle de l'ADN peut légalement être prélevé; et deuxièmement, que les renseignements personnels au sujet du contrevenant qui sont exigés pour la transmission sont complets et exacts.

Toutes les transmissions concernant des contrevenants condamnés sont enregistrées dans le système de suivi interne de la BNDG sans la moindre référence à l'information personnelle au sujet de chaque individu. La documentation relative à l'échantillon biologique et à la transmission d'un visa concernant un contrevenant condamné est envoyée aux Services canadiens d'identification criminelle en temps réel de la GRC pour être certifiée; associée à un individu par comparaison des empreintes digitales; et consignée au casier judiciaire de l'individu.

Traitement des echantillons biologiques

Échantillons de contrevenants

Lorsqu'une personne est reconnue coupable d'avoir commis une infraction désignée pour laquelle un échantillon biologique peut être obtenu, un juge a le choix de rendre ou non une ordonnance de prélèvement d'ADN. En revanche, pour certaines infractions désignées, le meurtre par exemple, une telle ordonnance est obligatoire. Le prélèvement d'un échantillon biologique sanguin, buccal ou capillaire de la personne concernée est effectué par un policier dûment formé. La BNDG est responsable du traitement des échantillons biologiques de tous les contrevenants condamnés et de l'entrée des profils d'ADN établis dans le fichier des condamnés (FCO).

Des trousses conçues spécialement pour la BNDG sont utilisées pour la collecte des échantillons corporels. Trois types de trousses sont disponibles pour chacun des échantillons suivants :

Sanguin
par piqûre du bout d'un doigt avec une lancette stérilisée
Buccal
par frottis de l'intérieur de la bouche avec un écouvillon pour obtenir des cellules épithéliales
Capillaire
par prise de six à huit cheveux comportant la gaine épithéliale

Bien que les trois types d'échantillons biologiques prélevés de contrevenants condamnés soient légalement approuvés, plus de 98 % des transmissions sont des échantillons sanguins. La BNDG favorise la collecte de ce type d'échantillons, car le sang se révèle plus fiable qu'un échantillon capillaire ou buccal pour en dériver des profils d'ADN de grande qualité.

Échantillons de scènes de crime ou de victimes

Toutes les preuves génétiques issues de scènes de crime sont recueillies par des enquêteurs et examinées dans des laboratoires judiciaires du Canada pour générer des profils d'ADN. Seul un profil d'ADN résultant d'un crime associé à une infraction désignée peut être ajouté au fichier de criminalistique (FCR) ou au fichier des victimes (FV) de la BNDG. Conformément à la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, la BNDG est responsable de supprimer des profils d'ADN de victimes. Les laboratoires judiciaires publics suivants sont autorisés à télécharger des profils d'ADN dans le FCR et le FV:

  • Les Services nationaux de laboratoire judiciaire de la GRC à Ottawa, Edmonton et Surrey;
  • Le Centre des sciences judiciaires à Toronto et Sault Ste. Marie, Ontario; et
  • Le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale à Montréal, Québec.

Échantillons de donneurs volontaires

Au cours d'une enquête criminelle concernant une infraction désignée, les échantillons provenant de donneurs volontaires sont traités par un laboratoire judiciaire public et peuvent être ajoutés au fichier des donneurs volontaires (FDV) de la BNDG, s'ils peuvent profiter à l'enquête. Les échantillons de donneurs volontaires recueillis durant une enquête de nature humanitaire sont fournis à la BNDG pour être traités et ajoutés au FDV. Conformément à la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, la BNDG est responsable de supprimer des profils d'ADN de donneurs volontaires.

Échantillons de personnes disparues, des familles de personnes disparues ou de restes humains

Les échantillons de personnes disparues, des familles de personnes disparues et de restes humains sont du ressort du Programme national d'ADN pour les personnes disparues (PNAPD). Il s'agit d'un partenariat entre le Centre national pour les personnes disparues et restes humains non identifiés (CNPDRN) et la BNDG. Le rôle du CNPDRN est de servir d'unique point de contact pour les enquêteurs et d'autoriser les échantillons soumis à la BNDG aux fins d'enquêtes concernant des personnes disparues et des restes humains.

Conformément à la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, la BNDG est chargée de maintenir les fichiers d'application humanitaire et est responsable :

  • de recevoir des échantillons biologiques transmis par des organismes et l'établissement des profils d'ADN;
  • de recevoir des profils d'ADN de laboratoires agréés pour examen technique;
  • d'interpréter et de comparer des profils d'ADN provenant de restes humains, de parents de personnes disparues et de biens personnels de personnes disparues;
  • d'ajouter et de retirer des profils d'ADN au fichier des personnes disparues, au fichier des familles de personnes disparues et au fichier des restes humains conformément à la loi;
  • de produire et d'expliquer les rapports de filiation génétique et d'association d'identité; et
  • de fournir soutien et avis scientifiques au CNPDRN et aux enquêteurs, au besoin.

Pour mieux répondre au PNAPD, la BNDG a introduit des technologies visant à isoler et à caractériser l'ADN. Il s'agit plus précisément de procédures pour établir des profils d'ADN à partir d'effets personnels et d'échantillons de tissus durs, comme les os et les dents. De plus, la BNDG a validé des procédures pour analyser le chromosome Y et utilise une technologie pointue de séquençage de prochaine génération, qui permet d'analyser l'ADN mitochondrial.

Aperçu du processus de transmission au PNAPD

CIPC

  • Les enquêteurs vérifient que les entrées au CIPC sont complètes pour les dossiers concernant une personne disparue ou des restes humains
  • Contactent le CNPDRN pour obtenir une autorisation

CNPDRN

  • Évalue les dossiers
  • Offre soutien et conseils aux enquêteurs
  • Fournit les formulaires de transmission et de consentement
  • Autorise les dossiers à transmettre à la BNDG

Enquête

  • Les enquêteurs recueillent les échantillons biologiques, les effets personnels et/ou les restes humains
  • Les enquêteurs remplissent les formulaires de transmission et de consentement et envoient le tout à la BNDG

BNDG

  • La BNDG vérifie que tous les formulaires sont dûment remplis
  • Effectue l'analyse de l'ADN
  • Ajoute les profils admissibles au fichier d'application humanitaire approprié
  • Fournit du soutien scientifique au CNPDRN et aux enquêteurs

Correspondance dans CODIS

  • La BNDG génère un rapport de concordances avec un profil d'ADN concernant une personne disparue ou des restes humains
  • Envoie le rapport au CNPDRN

Avis de correspondance

  • Le CNPDRN transmet le rapport à l'enquêteur

Comparaison des profils d'ADN

Les profils d'ADN sont comparés au moyen d'un logiciel unique de réseau, le Combined DNA Index System (CODIS), conçu par le FBI (Federal Bureau of Investigation) et le Département de la Justice des États-Unis et fourni à la GRC pour l'usage par la BNDG. Le CODIS, accepté mondialement par plusieurs laboratoires judiciaires, permet de gérer la comparaison de profils d'ADN dans un format standardisé et sécurisé. Au Canada, la BNDG utilise le CODIS pour la comparaison quotidienne des profils d'ADN. Dès son ajout à un des fichiers de la BNDG, chaque nouveau profil d'ADN est mis en comparaison avec les profils qui figurent dans tous les fichiers d'ADN permis par la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques.

Participation internationale

Conformément à une Entente internationale visant le partage des données génétiques avec INTERPOL, la BNDG fait part de données génétiques à des autorités internationales chargées d'enquêtes. Cette entente est approuvée par le gouvernement du Canada et est restreinte aux enquêtes et aux poursuites relatives à des infractions désignées ou aux enquêtes concernant des personnes disparues et des restes humains non identifiés.

La signature de la première entente internationale remonte à 2002. Depuis, la BNDG a reçu 1 889 demandes internationales, associées à des enquêtes criminelles, de comparaison de profils d'ADN au fichier des condamnés (FCO), au fichier de criminalistique (FCR), au fichier des personnes disparues (FPD) et au fichier des restes humains (FRH). Ces demandes ont mené à sept correspondances avec un contrevenant condamné et onze correspondances avec un profil d'ADN provenant d'un lieu de crime. La BNDG a quant à elle adressé à des pays membres d'INTERPOL 353 demandes, associées à des enquêtes criminelles, de comparaison d'un profil d'ADN provenant d'un lieu de crime qui ont donné lieu à huit correspondances avec un contrevenant et à deux correspondances avec un profil d'ADN provenant d'un lieu de crime.

En 2018, l'entente a été revue pour autoriser la comparaison internationale des profils d'ADN concernant des personnes disparues et à des restes humains non identifiés. Depuis, la BNDG a reçu 89 demandes de l'étranger pour comparer de tels profils à ceux du FCO, du FCR, du FDP et du FRH. La BNDG a acheminé 26 demandes à d'autres pays membres d'INTERPOL en vue de la comparaison de profils d'ADN concernant des personnes disparues et des restes humains non identifiés. À ce jour, aucune de ces recherches n'a abouti à une correspondance.

Confidentialité des renseignements

La Loi sur l'identification par les empreintes génétiques stipule expressément que les profils d'ADN dans la BNDG ne peuvent servir qu'aux fins de l'application de la loi ou qu'à des fins humanitaires. La loi prévoit aussi que les profils du fichier des familles de personnes disparues peuvent être comparés uniquement aux profils du fichier des personnes disparues et du fichier des restes humains.

La loi offre une précaution supplémentaire au droit à la vie privée des canadiens, dès l'arrivée à la BNDG d'un échantillon d'ADN d'un contrevenant condamné, l'identité du donneur est séparée de son information génétique et ensuite assortie d'un code-barres numérique. Les codes-barres numériques sont les seuls liens associant les renseignements personnels, l'échantillon biologique et le profil d'ADN. Les renseignements personnels d'un donneur sont conservés dans un registre distinct maintenu par les Services canadiens d'identification criminelle en temps réel (SCICTR) de la GRC, auquel le personnel de la BNDG n'a pas accès. En conséquence, le personnel de la BNDG ignore toujours l'identité du contrevenant condamné dont il est en train de traiter le profil d'ADN. Il en va de même pour le personnel du SCICTR qui n'a pas accès à l'information génétique d'un contrevenant. À l'exception du sexe biologique, les profils d'ADN présents dans les fichiers de la BNDG ne révèlent aucun renseignement de nature médicale ou physique à propos d'un donneur.

Par ailleurs, les textes législatifs garantissent la protection des renseignements personnels des Canadiens en exigeant que toute personne concernée donne son consentement éclairé avant que des données génétiques soient soumises au fichier des familles de personnes disparues, au fichier des victimes et au fichier des donneurs volontaires, et qu'elle puisse retirer à tout moment son consentement. De plus, le service d'enquête sera contacté au moins tous les cinq ans à propos du dossier afin de vérifier si la personne de qui le profil d'ADN a été obtenu n'a pas retiré son consentement, ou si le service d'enquête estime que le profil sert toujours dans le cadre de l'enquête pour laquelle il a été obtenu. Si le retrait est requis, si la vérification quinquennale n'est pas concluante ou en l'absence de réponse du service d'enquête, le profil d'ADN sera retiré du fichier et l'échantillon biologique sera détruit.

Finalement, la BNDG communique des renseignements à d'autres services d'enquête uniquement dans la mesure permise par la loi.

Lastly, the NDDB will only share DNA information with other investigative authorities as permitted by legislation.

L'importance des transmissions pour une infraction secondaire désignée

Le Code criminel classe les infractions qui peuvent faire l'objet d'une ordonnance de prélèvement d'ADN d'infraction soit de primaire, soit de secondaire. À la création de la BNDG en l'an 2000, le nombre d'infractions désignées secondaires était limité. En 2008, le Code criminel a été modifié et la liste d'infractions désignées secondaires a été étendue pour inclure davantage de délits (par ex., défaut de comparution et infractions liées à la drogue). Bien qu'elles soient en général moins violentes, ces infractions peuvent aider à résoudre des infractions criminelles plus graves.

À titre illustratif de la valeur de ces infractions, voici des données de la BNDG sur des correspondances avec des contrevenants pour quelques infractions désignées secondaires communes. Les chiffres indiquent le nombre de correspondances dans le cadre d'enquêtes en cours (dont meurtres et agressions sexuelles) qui résultent d'ordonnances d'ADN rendues envers des contrevenants condamnés pour des infractions désignées secondaires.

Infractions désignées secondaires pour lesquelles une ordonnance d'ADN a été émise

  • Art. 145 (1)-(11) Omission de comparaître/ conformer etc...
  • Art. 266 Voies de fait
    • 8 553 Correspondances
      • 597 Meurtres
      • 1 400 Agressions sexuelles
  • Infractions en matière de drogue (LRCDAS et LC)
    • 2 585 Correspondances
      • 214 Meurtres
      • 215 Agressions sexuelles
  • Art. 264.1 Proférer des menaces
    • 1 074 Correspondances
      • 65 Meurtres
      • 136 Agressions sexuelles

Processus de signalement d'une correspondance d'ADN

Enquêtes criminelles

La BNDG traite les échantillons biologiques provenant de contrevenants condamnés et verse les profils d'ADN qui en résultent dans le fichier des condamnés.

  • La BNDG effectue une recherche entre le fichier de criminalistique et le fichier des condamnés.
  • Une correspondance est établie entre un profil d'ADN du fichier des condamnés et un profil d'ADN du fichier de criminalistique.
  • Les numéros d'identification du contrevenant, de la scène de crime et du laboratoire sont transmis au Services canadiens d'identification criminelle en temps réel (SCICTR).
  • Le SCICTR achemine les données sur le contrevenant au laboratoire judiciaire.
  • Le laboratoire judiciaire transmet l'information sur l'identité du contrevenant à l'enquêteur.

Les laboratoires judiciaires traitent les échantillons biologiques provenant des lieux de crime et versent les profils d'ADN qui en résultent dans le fichier de criminalistique.

  • La BNDG effectue une recherche entre le fichier de criminalistique et le fichier des condamnés.
  • Une correspondance est établie entre un profil d'ADN du fichier des condamnés et un profil d'ADN du fichier de criminalistique.
  • Les numéros d'identification du contrevenant, de la scène de crime et du laboratoire sont transmis au Services canadiens d'identification criminelle en temps réel (SCICTR).
  • Le SCICTR achemine les données sur le contrevenant au laboratoire judiciaire.
  • Le laboratoire judiciaire transmet l'information sur l'identité du contrevenant à l'enquêteur.

Processus de confirmation d'une correspondance d'ADN

Enquêtes criminelles

  • L'enquêteur évalue les éléments de preuves au dossier pour déterminer la nécessité d'approfondir l'enquête sur le suspect.
  • Pour pouvoir prouver en cour la correspondance entre le profil d'ADN du contrevenant condamné et le profil d'ADN établi à partir de preuves biologiques recueillies sur le lieu du crime, l'enquêteur doit s'adresser à un juge d'un tribunal provincial pour obtenir un mandat autorisant un prélèvement d'échantillons corporels à des fins d'analyse génétique. Si le juge accorde le mandat d'ADN, le suspect doit s'y conformer et se plier au prélèvement d'échantillons biologiques.
  • L'échantillon biologique est soumis à un laboratoire judiciaire pour analyse. Le laboratoire judiciaire compare le profil d'ADN du suspect à celui établi à partir des éléments de preuve recueillis sur le lieu du crime.
  • Le laboratoire judiciaire rédige un rapport confirmant la correspondance entre le profil d'ADN du suspect et le profil établi au moyen des éléments de preuve recueillis sur le lieu du crime.
  • En s'appuyant sur le rapport du laboratoire et d'autres informations de l'enquête, l'enquêteur décidera s'il y a lieu de porter ou de recommander une accusation contre le suspect.

Histoires de réussite

Depuis 20 ans, la BNDG a apporté un soutien important à plus de 73 000 enquêtes criminelles et poursuites judiciaires, localement, nationalement ou internationalement. Les profils d'ADN du fichier des condamnés ont été déterminants dans l'élucidation de nombre d'affaires non résolues. Mentionnons, parmi les enquêtes les plus médiatisées, l'agression sexuelle et le meurtre brutal en 1984 de la populaire comédienne québécoise, Denise Morelle; le meurtre en 1992 de Marie Lorraine Dupe, employée d'un dépanneur en Nouvelle-Écosse qui a été poignardée à de multiples reprises; le meurtre en 1987 de Lillian Berube qui a été battue à mort lors d'une introduction par effraction; la tentative de meurtre en 1995 d'un agent correctionnel du Québec; et les meurtres violents de deux enfants, des affaires distinctes, celui de Corrine Gustavson, âgée de six ans, en Alberta en 1992, et celui de Joleil Campeau, neuf ans, au Québec en 1995. Les contrevenants n'avaient laissé derrière eux aucune piste autre que l'ADN et c'est ce qui a permis, à terme, de les identifier et de les rattacher à leurs crimes odieux.

Dans d'autres affaires, il a été possible d'identifier rapidement le contrevenant parce que son profil d'ADN figurait déjà dans la BNDG. Cela a été le cas en 2016 d'un suspect arrêté six jours après avoir agressé sexuellement une jeune femme, le jour de l'an à Newmarket, et aussi le cas du contrevenant en série de deux agressions sexuelles survenues à Montréal en 2018, qui a été identifié en quelques semaines. La BNDG a également fourni des informations précieuses au-delà des frontières du Canada. Ainsi, en 2002, le suspect d'un meurtre troublant commis en Ohio a été identifié comme un contrevenant connu au Canada à la suite de la diffusion d'un épisode de l'émission America's Most Wanted.

Tous ces cas et d'innombrables autres ont reçu l'aide de la BNDG conformément à la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques. Nous relatons ici quelques affaires plus en détail, sélectionnées au hasard pour illustrer la valeur des bases de données d'ADN en appui à la sécurité publique. Compte tenu d'affaires toujours devant les tribunaux et d'autres considérations, les histoires vécues qui suivent ne représentent qu'un échantillon des nombreux cas pour lesquels l'analyse de l'ADN a été déterminante dans le déroulement d'une enquête.

Délit de fuite à Calgary


En août 2018, un policier de Calgary qui répond à un appel concernant un véhicule suspect est renversé et écrasé, alors qu'il s'en approche. Le conducteur prend la fuite. Le policier, victime de multiples blessures graves, sera opéré et passera quatre jours à l'unité de soins intensifs sous respirateur artificiel.

Le véhicule, qui avait été volé, a été trouvé abandonné le jour même dans un autre secteur de la ville. La police a pu y prélever des empreintes digitales et de l'ADN. L'analyse des indices recueillis a été traitée en priorité par les Services nationaux de laboratoire judiciaire de la GRC. Une semaine après l'incident, une correspondance était établie avec le profil d'ADN d'un condamné déjà fiché dans la BNDG. Les empreintes digitales ont aussi servi à identifier et à relier l'individu au véhicule volé.

Au premier jour de son procès, le contrevenant a plaidé coupable aux accusations de négligence criminelle causant des lésions corporelles et défaut d'arrêter lors d'un accident. Il a été condamné à une peine de cinq ans assortie de l'interdiction de conduire pour sept ans.

« Le laboratoire a pu répondre à cette demande urgente et a fourni dans un délai très court un profil d'ADN pour le contrevenant. Le profil a fourni des éléments probants pour identifier le contrevenant et le relier au véhicule. »

Détective Michael Howlin, groupe des renseignements criminels, Service de police de Calgary

Un contrevenant violent épinglé par son ADN


En août 2018 dans le sud de l'Ontario, la victime d'une agression sexuelle violente entend son assaillant lui dire qu'il compte la tuer et découper son corps. La femme n'en doute pas, car le lieu de l'agression est jonché de plastique. Bien que l'individu la retienne au sol avec force, elle réussit à s'enfuir alors qu'il tente de s'habiller. Elle parvient à appeler le 911 d'un téléphone public voisin. L'agresseur a bien sûr déguerpi.

L'examen et l'analyse en laboratoire des échantillons prélevés sur le corps de la victime permettent de générer un profil, qui ne concorde avec aucun autre profil de la BNDG à l'époque. La fouille de la zone et l'analyse des images vidéo de la scène par la police restent infructueuses. Le seul suspect possible est éliminé lors d'une séance d'identification par photos et l'enquête est vite au point mort.

Trois mois plus tard, une correspondance est signalée entre le profil d'ADN, établi grâce aux indices prélevés sur la victime, et celui d'un individu récemment condamné pour une infraction secondaire. L'assaillant a été arrêté et inculpé en décembre 2018. En mai 2020, il a été condamné pour agression sexuelle et sera déporté une fois sa peine purgée.

« L'accusé n'était pas une personne d'intérêt et résidait à l'extérieur de la ville au moment de l'agression. Sans la mise en correspondance des profils d'ADN, il est peu probable que cette agression sexuelle avec violence ait été résolue. »

Sergente Carolyne Rashford, Police de Hamilton

Une dépendance coûteuse


En 2003, la police de Laval commence à enquêter sur une série d'entrées par effraction, pour lesquelles le suspect s'introduit typiquement par la porte patio ou une fenêtre arrière. Il laisse toujours des indices permettant d'établir un profil d'ADN : du sang récupéré sur la fenêtre cassée ou un article vestimentaire, comme une tuque, des gants ou une veste. Les profils d'ADN établis pour chaque scène de crime révèlent qu'il s'agit d'un seul et même individu et permettent de relier plus de 19 incidents d'entrée par effraction pendant une période de 13 ans. Pourtant, l'individu reste anonyme et en cavale.

En décembre 2016, une femme appelle au 911 pour signaler une entrée par effraction chez ses voisins, à ce moment-là absents de leur domicile. Tout en restant en ligne avec le préposé du service 911, elle décide de suivre le suspect après son départ de la maison, qui sera arrêté pour s'être introduit par effraction. Lors de sa condamnation pour cette seule infraction, une ordonnance de prélèvement d'ADN est rendue et un échantillon biologique est soumis à la BNDG. Il faut souligner qu'en 2008, la législation a été modifiée afin de rendre obligatoire une ordonnance de prélèvement d'ADN en cas de condamnation pour introduction par effraction dans un domicile résidentiel. C'est ainsi que l'ajout du profil du contrevenant condamné a aussitôt généré une correspondance avec les profils d'ADN obtenus à partir des indices recueillis sur les lieux des 19 cas non résolus d'introduction par effraction. On a par la suite découvert que l'individu était toxicomane et qu'il volait par effraction afin de satisfaire sa dépendance.

« Ce qui est intéressant c'est que certains dossiers dataient de plus de 10 ans. L'ADN avait été prélevé à l'époque et relié aux autres dossiers, mais l'individu restait inconnu. Une fois le profil d'ADN du suspect alimenté au fichier des condamnés, ils ont tous pu être résolus. »

Éric Léonard, sergent-détective, Section moralité drogues, Service de police de Laval

Chandail et bleuets


Dans l'après-midi du 30 juillet 2013, non loin de Sudbury, une employée d'un commerce de bleuets en bordure de route est victime d'un vol à main armée. Le suspect utilise un marteau pour menacer l'employée et s'enfuit à pied par la suite. Peu après, l'unité canine de la police trouve un chandail abandonné à proximité. L'employée reconnaît le chandail du suspect qui l'a menacée de lésions corporelles et l'a dérobée. Mais elle ne réussit pas à identifier le suspect lors d'une séance d'identification par photos, ce qui rend les preuves matérielles recueillies sur les lieux d'autant plus cruciales.

Les échantillons biologiques prélevés sur le chandail permettent d'établir un profil d'ADN pour un homme inconnu; le profil est ajouté à la BNDG, mais ne génère aucune correspondance. Les agents ont épuisé toutes les autres pistes possibles, mais le suspect reste inconnu et en liberté. Il existait un risque accru pour la sécurité publique, car le suspect avait commis le vol en plein jour et avait affiché une propension à la violence.

Deux ans après le vol, la BNDG a obtenu une correspondance. L'échantillon biologique d'un contrevenant récemment condamné a été ajouté au fichier des condamnés et a produit une concordance avec le profil d'ADN du suspect impliqué dans le vol à main armée. Le contrevenant a été condamné pour vol et a reçu une peine de 20 mois. Peu importe où le crime est perpétré, la BNDG fournit des services très spécialisés à tous les organismes chargés de l'exécution de la loi au pays à l'appui d'enquêtes concernant une infraction désignée.

« Cette enquête a duré plusieurs années. Sans l'aide de la Banque nationale de données génétiques, elle n'aurait pu être résolue. »

Sergent Kevin O'Shaughnessy, Service de police du Grand Sudbury

Justice pour une jeune victime


En 2006, à Ottawa, une adolescente est agressée sexuellement alors qu'elle se promène seule. Malgré sa peur, elle repousse bravement son agresseur, l'égratigne au visage et s'enfuit. Au poste de police, les indices biologiques de son agresseur prélevés sous ses ongles permettent d'établir le profil d'ADN d'un homme inconnu dont la comparaison aux autres profils, lors de son ajout dans la BNDG, reste infructueuse. Sans pistes, l'affaire reste non résolue pendant 13 ans.

Or, en 2019, un homme est condamné pour voyeurisme, une infraction secondaire. L'ajout de son profil d'ADN dans la BNDG génère une correspondance avec celui de l'auteur inconnu de l'agression de la jeune fille en 2006. Devant les preuves, l'individu s'est reconnu coupable en mai 2020 de l'agression sexuelle de 2006 et purge en ce moment sa peine.

Selon la victime, l'élucidation de l'affaire après toutes ces années a ravivé sa confiance dans le système de justice pénale. Elle avait la certitude que la police avait le bon suspect, du fait que l'ADN avait permis de l'identifier, de l'arrêter et de le condamner.

« Les victimes de cas anciens affirment souvent être soulagées d'un poids énorme et ressentir enfin un apaisement lorsque le contrevenant est traduit en justice. Je pense qu'il y a probablement beaucoup d'affaires non résolues qui le seront au fur et à mesure que les tests ADN s'amélioreront. C'est une excellente chose pour les victimes qui cherchent, et n'ont pas encore, le dénouement dont elles ont besoin pour surmonter le traumatisme de l'infraction et tenter de reprendre leur vie en main. »

Détective Renee Stewart, Agressions sexuelles / Violence faite aux enfants, Service de police d'Ottawa

Comité consultatif de la Banque nationale de données génétiques

Institué en 2000 en vertu de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, le Comité consultatif de la Banque nationale de données génétiques formule des orientations stratégiques concernant les progrès scientifiques, des questions de droit, les modifications législatives, des questions relatives à la protection de la vie privée et les pratiques d'éthiques. Il fait aussi rapport au Commissaire de la GRC sur des questions liées aux activités de la BNDG qu'il conseille en matière d'éthique quant à l'ADN, de progrès scientifiques et de modifications législatives. Les membres du comité consultatif sont nommés par le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile du Canada et leur expertise collective est riche et diversifiée. Voici les membres du présent comité consultatif :

Brendan Heffernan (Président)
Surintendant principal de la GRC (à la retraite), représentant le milieu policier.
Derrill Prevett, Q.C. (Vice-président)
Avocat et spécialiste du droit, comptant plus de trente-sept ans d'expérience dans des affaires très médiatisées impliquant des preuves génétiques.
Dr. Frederick R. Bieber, Ph. D.
Spécialiste en éthique biomédicale et professeur agrégé de pathologie à la Harvard Medical School. Aussi généticien médical au Brigham and Women's Hospital, Boston, Massachusetts.
Dr. Ron Fourney, Ph. D., O.O.M.
Directeur des Partenariats scientifiques et stratégiques, GRC, et un des membres fondateurs de la BNDG.
Sue O'sullivan, B.A., O.O.M.
Spécialiste des droits de la personne, avec une grande expérience dans la défense de victimes de crime.
Dr. Michael Szego, Ph. D., M.Sc.S.
Éthicien clinicien et directeur du Centre d'éthique clinique. Professeur adjoint, Department of Family and Community Medicine and Dalla Lana School of Public Health, Université de Toronto.
Dr. Ben Koop, Ph. D.
Expert en génétique médicale et professeur de biologie à l'Université de Victoria.
Lacey Batalov (Représentée par Sofia Scichilone)
Représentante du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada.

Pour en savoir plus sur le rôle du comité consultatif de la BNDG, veuillez consulter le site Web qui lui est consacré.

Statistiques principales

Échantillons biologiques : Du 30 juin 2000 au 31 mars 2021

Visas : Du 1er janvier 2008 au 31 mars 2021

La baisse du nombre de transmissions au cours de cette période est attribuée à la pandémie mondiale, qui a eu un impact sur leur volume durant 2020 et qui a beaucoup perturbé les contributions de partenaires et la capacité de la BNDG à fournir des services à plein régime.

Tableau 1 - Profils d'ADN contenus dans les fichiers criminels
Type Montant
Fichier des condamnés (FCO) 411 999
Fichier de criminalistique (FCR) 184 549
Fichier des victimes (FV) 61
Fichier des donneurs volontaires (FDV) 0
Total 596 609

Échantillons biologiques reçus par rapport aux profils d'ADN contenus dans le fichier des condamnés

Au 31 mars 2021, la BNDG avait reçu 456 810 échantillons biologiques, dont 411 999 profils d'ADN étaient contenus dans le FCO. La différence de 9.8 % peut être attribuée aux échantillons rejetés, aux échantillons en double, aux échantillons biologiques en cours d'analyse et aux profils retirés du FCO en raison d'absolution inconditionnelle ou conditionnelle, de l'expiration de la période de rétention ou de l'annulation en appel de l'ordonnance ou de l'autorisation de prélèvement d'ADN.

Tableau 2 - Profils d'ADN contenus dans les fichiers humanitaires
Type Montant
Fichier des personnes disparues (FPD) 109
Fichier des familles de personnes disparues (FFPD) 864
Fichier des restes humains (FRH) 264
Total 1 237
Tableau 3 - Répartition des profils d'ADN versés au fichier de criminalistique
Type Montant
Centre des sciences judiciaires 71 853
Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale 50 149
Services nationaux de laboratoire judiciaire de la GRC 62 547
Total 184 549
Tableau 4 - Rapport sur les correspondances
Type Montant
Correspondances condamnés 66 539
Correspondances criminalistiques 7 211
Correspondances au fichier des victimes 9
Correspondance restes humains — identification putative 25
Correspondance fichier humanitaire — piste d'enquête 9
Échantillons en doubleNote de bas de page 1 14 773
Profils d'ADN identiques 390
Tableau 5 - Correspondances condamnés selon le type de cas
Type Montant
Introductions par effraction 29 477
Vols qualifiés 7 258
Infractions sexuelles 6 947
Voies de fait 5 225
Homicides 4 287
Tentatives de meurtre 1 288
Autres 12 057
Total 66 539
Tableau 6 - Transmissions reçues de contrevenants condamnés – Répartition par catégorie d'infraction
Type Échantillons biologiques Visas
Primaire 241 832 82 117
Secondaire 211 198 104 714
Autres 3 780 1 151
Total 456 810 187 982

Remarque : La catégorie « Autres » comprend des échantillons soumis à la suite d'une condamnation pour une infraction non désignée ou sans ordonnance de prélèvement d'ADN du tribunal. Ces transmissions ne sont pas traitées à moins que la BNDG ne reçoive une ordonnance corrigée.

Infractions primaires et secondaires : Voir la section 487.04 du Code criminel du Canada et la section 196.11 de la Loi sur la défense nationale.

Tableau 7 - Transmissions reçues de contrevenants condamnés – Répartition par type de contrevenant
Type Échantillons biologiques Visas
Contrevenant adulte 401 771 181 005
Jeune contrevenant 54 931 6 969
Contrevenant militaireNote de bas de page 1 108 8
Total 456 810 187 982
Tableau 8 - Transmissions reçues de contrevenants condamnés – Répartition par type d'infractions
Type Échantillons biologiques Visas
Voies de fait 278 261 122 992
Infractions sexuelles 95 788 13 574
Introductions par effraction 64 362 38 377
Vols qualifiés 52 293 21 327
Loi réglementant certaines drogues et autres substances et Loi sur le cannabis 42 701 17 485
Homicides 10 299 2 253
Autres 70 533 57 297
Total 614 237 273 305

Remarque : Plus d'une infraction peut être associée à une transmission reçue.

Tableau 9 - Transmissions de contrevenants condamnés reçues par province/territoire
Du 1er avril 2020 au 31 mars 2021 Du 30 juin 2000 au 31 mars 2021
Province Échantillons biologiques Visas Échantillons biologiques Visas
(du 1er jan. 2008)
Colombie-Britannique 1 209 1 219 51 628 21 118
Alberta 1 531 1 406 49 281 19 647
Saskatchewan 718 438 19 541 4 359
Manitoba 648 907 27 924 10 786
Ontario 4 702 5 679 200 243 106 810
Québec 2 168 1 111 77 229 18 264
Nouveau-Brunswick 261 124 5 970 775
Nouvelle-Écosse 265 162 11 746 2 954
Île-du-Prince-Édouard 63 14 1 255 131
Terre-Neuve et Labrador 151 109 6 353 1 415
Yukon 27 13 835 249
Territoires du Nord-Ouest 61 68 2 460 860
Nunavut 75 52 2 345 614
Total 11 879 11 302 456 810 187 982

Remarque : L'information ci-dessus représente les transmissions reçus de contrevenants condamnés. Elle n'indique pas le nombre de condamnations admissibles à une ordonnance de prélèvement d'échantillons biologiques.

Autorisations rétroactives

Ces dernières constituent des échantillons biologiques provenant de contrevenants reconnus coupables de certaines infractions désignées au Code criminel avant le 30 juin 2000. Une autorisation est accordée au sens des critères énoncés à l'article 487.055 du Code criminel. Au titre de cette disposition, la BNDG a reçu 5 035 transmissions.

Échantillons rejetés

La BNDG a rejeté 6 743 (1,5 %) des échantillons biologiques reçus et rejeté 2 623 (1,5 %) des visas reçus à ce jour. Les raisons motivant un rejet sont : un contrevenant condamné pour une infraction non désignée, des échantillons biologiques inadéquats, l'utilisation d'une trousse de prélèvement inappropriée (échantillon), l'absence du profil d'ADN du contrevenant dans le FCO (visa), l'absence ou l'invalidité d'une ordonnance.

Prélèvement d'échantillons supplémentaires

Si la qualité de l'échantillon biologique est jugée inadéquate aux fins de l'analyse génétique ou si l'échantillon n'a pas été transmis en conformité avec le Règlement sur l'identification par les empreintes génétiques, une demande pour un rééchantillonnage peut être autorisée par un juge. Depuis le 30 juin 2000, la BNDG a reçu 1 728 échantillons prélevés en vertu de cette disposition.

Tableau 10 - Répartition des échantillons biologiques détruits et des profils d'ADN retirés du fichier des condamnés
Type Contrevenant adulte Jeune contrevenant
Absolution sous conditions
(Condition retirée pour les adultes depuis le 6 mars 2018)
11 231 1 833
Condamnation annulée en appel 843 31
Absolution inconditionnelle
(Condition retirée pour les adultes depuis le 6 mars 2018)
583 119
Échantillons en double (même ordonnance) 373 34
Aucun profil d'ADN convenable obtenu 138 19
Ordonnance/autorisation de prélèvement annulée 45 8
Expiration de la période de rétention S.O. 7 920
Autres 73 11
Total 13 286 9 975

s.o. : sans objet

Tableau 11 - Résumé des fichiers de la BNDG et des correspondances
Type 2016/2017 2017/2018 2018/2019 2019/2020 2020/2021
Nombre total de profils d'ADN dans le FCR à la fin de l'année 130 100 143 963 159 448 173 292 184 549
Augmentation du nombre de profils d'ADN dans le FCRNote de bas de page 1 12 937 13 863 15 485 13 844 11 257
Nombre total de profils d'ADN dans le FCO à la fin de l'année 346 160 365 565 384 488 401 546 411 999
Augmentation du nombre de profils d'ADN dans le FCONote de bas de page 1 19 171 19 405 18 923 17 058 10 453
Transmissions reçues (échantillons biologiques et visas) 40 199 40 394 38 898 37 447 23 181
Correspondances (condamnés et criminalistique) 5 508 5 751 7 291 6 857 4 327

États financiersNote de bas de page 1

1er avril 2020 – 31 mars 2021
Type de dépense Dépenses
(en milliers de $)
Personnel 2 343
Services internes 788
Bénéfices des employés 422
Transport et télécommunications 59
Développement et soutien de l'infrastructure 41
Location 182
Entretien et réparations 6
Services, fournitures, materiel et divers 1 055
Acquisition d'immobilisations et matériel annexe 595
Sous-total 5 491
Coûts indirectsNote de bas de page 2 216
Total 5 707
Date de modification :